Qu’il est difficile d’aimer...

 

Je vais vous parler aujourd’hui d’une très grosse difficulté du métier d’éducateur canin... Un véritable écueil... Une torture même : je vais vous parler... d’amour !

 

 

Dans notre vie d’être humain, nous avons avons nos préférences en chien... Personnellement, je suis attirée par des chiens du type Berger Allemand, Rottweiler, Border Collie, Malinois et même... Cavalier King Charles (je suis sur que cette dernière race va surprendre ceux qui me connaissent... Pourtant ce sont des chiens qui me correspondent tout à fait !).

 

 

Dans ma vie professionnelle, j’ai également mes préférences... J’adore travailler avec tous les chiens cités plus haut... Mais je suis ravie quand on m’amène d’autres races également... Par exemple le Boxer qui est un chien que j’adore pour son éternelle joyeuseté... ou encore le Beauceron qui est un régal de chaque instant à travailler ! J’aime aussi les gros pépères du type Bouvier Bernois, Dogue de Bordeaux... Bref, j’ai mes affinités !

 

 

Bien évidemment, cela ne veut pas dire que je n’aime pas les autres ! Mais comme tout le monde, j’ai mes préférences !

 

 

Chaque chien qui passe entre mes mains est apprécié... Je lui trouve toujours de l’intérêt, de la mignonnerie, de l’intelligence... Je me creuse la tête pour qu’il me comprenne... Je me démène pour qu’il trouve du plaisir à mon contact, de la compréhension dans mes demandes, de l’intérêt pour ce qu’il vit... Bref je crée du lien social dans l’apprentissage !

 

 

Et puis... Il y a parfois un gros soucis.... Le gros coup de foudre... Cela m’est arrivé deux fois dans ma carrière... La première fois avec une croisée malinoise... Le choc... Le coup de coeur immédiat mutuel... Et la seconde fois il y a quelques jours avec une race vraiment très éloignée de mes préférences habituelles : “Power” le Bull Terrier...

 

 

Vous allez me dire : “Mais en quoi est-ce un souci ?”

 

 

Le problème du coup de foudre, c’est déjà qu’il ne s’explique pas... Ensuite c’est qu’il surpasse tout... Ce chien, lorsque je l’ai vu à la sortie de la voiture, je n’ai pas eu de coup de foudre... Et puis j’ai pris la laisse... Et là... La magie a opérée... Pas vraiment besoin de se parler pour se faire comprendre... Pas besoin d’astuces pour attirer son attention : il me dévore des yeux ! Pas besoin de techniques pour qu’il apprenne : tout se fait naturellement comme s’il lisait dans mes pensées...

 

 

Vous allez me dire : “Mais je ne vois toujours pas où est le souci ?”

 

 

Le souci c’est que je ne suis pas sa maîtresse... Et que le chien n’a d’yeux que pour moi... Il ne veut travailler qu’avec moi... Il ne veut jouer qu’avec moi... Il ne veut de câlins que des miens...

 

 

Vous commencez à voir le souci ? Le souci se situe dans la passation !

 

 

J’ai beau m’éloigner, le chien n’a qu’une idée : me rejoindre ! Pour se faire il tire comme un bulldozer, il se débat, il mange sa laisse... Un vrai gros soucis pour l’éducateur canin !!! Et un terrible soucis pour le maître... Tout d’abord c’est assez vexant pour lui de ne plus exister dès que l’éducateur est présent... Et c’est très compliqué de se faire entendre de son chien tout en gardant son calme... Et ensuite, comment montrer au maître comment avoir les bons gestes, lorsqu’avec moi tout se passe sans jamais d’accrocs du premier coup ? Comment donner des indications à distance, si dès que le chien m’entend il se cabre pour venir me rejoindre ?

 

 

Je vous le dis... Eduquer un chien n’est pas un souci... Ré-éduquer non plus... Tomber amoureux en revanche... C’est vraiment très difficile !

 

 

Sur ces bonnes paroles... Je m’en vais réfléchir à la meilleur manière de gérer ce coup de foudre !

 

 

Roseline Pupier - Educateur canin

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