| Articles divers
Que peut-on attendre de son éducateur canin ?
Comme tout un chacun, j'ai une vision... C'est la mienne, elle vaut ce qu'elle vaut, c'est à dire qu'elle est importante pour moi. Je ne dis pas que j'ai raison, c'est juste ma vérité. Selon moi, chaque professionnel, quel que soit son métier, se doit d'avoir une ligne de conduite, et doit avoir la droiture de s'y tenir. Voici la mienne :
1/ Aucune place n'est possible pour l'égo de l'éducateur.
Qu'est ce que cela veut dire ? Cela veut dire que les envies, les désirs, les prérogatives de l'éducateur ne doivent JAMAIS rentrer en ligne de compte. Car seul le chien est important (et donc par ricochet le bien-être des maîtres).
En plus clair :
- si un éducateur canin a atteint les limites de son savoir avec un chien, il ne doit pas hésiter à prendre de l'aide auprès d'un confrère plus compétent face à ce cas; afin de réussir à atteindre les demandes des maîtres du chien; ou afin de remettre un chien qui est en souffrance psychologique dans un état d'équilibre.
Nous voyons de plus en plus de chiens envoyés à l'euthanasie pure et simple par des éducateurs qui sont restés concentrés sur leur nombril. Ce sont des chiens pour la plupart tout à fait rééducables. Ce simple fait serait évité aisément si l'égo de ces personnes n'entrait pas en jeu... et c'est un fait dramatique et méprisable.
- Même si l'éducateur canin meurt d'envie de tester certaines choses avec le chien (car cela ferait plaisir à l'éducateur... exemple une caresse sur un chien qui est dans une grande peur de ce qui l'entoure), il se doit de ne penser qu'au chien et à son équilibre. Ainsi, focalisé sur l'évolution du chien et sur les actions à mettre en place, l'éducateur devra oublier ces envies, afin de construire ou de re-construire de manière adaptée le travail à mettre en place.
- Si l'éducateur canin a le moindre doute concernant ces compétences face à un chien lors du premier rendez-vous avec le maître, il se doit d'être honnête envers ce client potentiel, quitte à l'accompagner dans la recherche d'un éducateur canin plus adapté ou avec plus d'expérience. En aucun cas il ne doit "mentir" dans l'unique but de ne pas perdre la face ou dans l'éventualité de perdre un "client". C'est preuve de professionnalisme que de connaître ses limites et de les expliquer aux maîtres... Car celui qui va à l'encontre de ces compétences, ne fera pas son travail auprès du chien de manière correcte.
2/ Se former, se remettre en question, s'entourer
Il est indispensable de se tenir au courant des évolutions, des découvertes, des reculs, des techniques qui entourent son métier. C'est d'autant plus vrai lorsque le métier concerne un être vivant. C'est encore plus vrai lorsqu'il en concerne plusieurs... Un éducateur canin aide non seulement le chien, mais aide également les maîtres... Il a donc une responsabilité énorme. Le droit à l'erreur n'existe pas.
Un vrai professionnel canin doit donc partager avec ces tiers, discuter, observer, poser des questions et se former. Il n'est donc pas question de rester sur des acquis et de s'y cramponner de toutes ces forces. Car chaque outils supplémentaires sera un bienfait pour un chien particulier qui y sera réceptif.
De la même manière, un éducateur canin se doit à mon sens de garder une droiture face au chien. Il doit donc étudier les outils, garder précieusement ceux qui sont prometteurs et utilisables, mais mettre de côté les outils inadaptés et néfastes au chien, et ce, même si l'attrait financier et marketing de ces outils est grand.
3/ Etre inventif, s'adapter et se remettre en question de manière systématique
Certains chiens sont très compliqués. Trouver l'outil le plus adapté est donc parfois compliqué. Cela demande de la recherche, de la réflexion et de la remise en question. Cela demande parfois (souvent ?) de créer des outils, des approches, des exercices inédits pour l'éducateur canin.
L'éducateur doit pouvoir expliquer au maître la moindre de ses démarches. Sa recherche. Le pourquoi d'une construction d'exercice. Si l'on veut que le maître comprenne son chien, il est indispensable de pouvoir lui décortiquer nos actions afin qu'il cerne au plus juste le fonctionnement psychologique de son chien.
L'éducateur a donc l'interdiction morale de rester sur un outil inadapté au chien dans le seul but de ne pas perdre la face devant le client. L'acharnement dans une mauvaise direction (déclaré mauvaise par le chien, car c'est lui qui nous le dit) est une absurdité qui nuit à la fois à l'image de l'éducateur (mais c'est bien fait pour lui), au maître du chien (qui lui vous croit sur parole, hors de question donc de lui mentir) et surtout au chien.
4/ Travailler en toute sécurité
Il est hors de question que l'éducateur fasse prendre des risques inconsidérés au chien, aux maîtres ainsi qu'à tout être vivant se trouvant à proximité. La sécurité ne s'improvise pas. Il faut être sur. L'éducateur doit être en mesure de l'expliquer aux personnes présentes. Il doit également être capable d'instaurer des règles de sécurité, et de les poser de manière claire, afin de pouvoir travailler correctement. Il doit également pouvoir expliquer au maître l'usage des outils employés, afin que celui-ci puisse les réutiliser le cas échéant.
Je donne quelques exemples pour que cela soit plus précis : hors de question de travailler des chiens présentant une dangerosité potentiel envers les congénères sans sécurité (travail en longe, distance de sécurité, main mise sur tous les chiens, etc...). Impossible de travailler un chien agressif envers l'humain sans protéger les personnes présentes avec des habits adaptés et / ou une muselière pour le chien.
Il est également du devoir de l'éducateur canin de refuser de travailler si les maîtres s'opposent à cette mise en sécurité (exemple : c'est le droit du maître de refuser l'utilisation d'une muselière sur son chien. Mais l'éducateur à le devoir de refuser de se mettre lui-même en danger face à se refus).
Il est également du devoir de l'éducateur canin de mettre des règles strictes dans ces locaux. Le but n'étant pas d'embêter les gens, mais bien de faire en sorte que tout se passe au mieux. Obliger le port de la laisse, obliger les maîtres à avoir un chien vacciné, interdire les locaux à la moindre suspicion de maladie, etc...
Pour conclure
Tous ces points sont pour moi le minimum syndical de l'éducateur canin... Encore une fois cela n'engage que moi... Je pense que c'est à chaque éducateur canin de fixer sa propre déontologie... Mais cela doit toujours être fait dans la droiture, l'honnêteté et avec comme unique but le bien-être du couple maître-chien.
Roseline Pupier - Educateur canin